PARIS: Il y a quelque chose de fascinant à voir un robot prendre vie et singer les mouvements précis que le génie humain a dessiné sur des pierres de toutes sortes depuis les temps immémoriaux.
La révolution robotique a eu lieu à Carrare, en Italie, et ce sont les carrières de cette ville qui ont fourni le marbre pour des sculpteurs tels que Michel-Ange ou Antonio Canova. Aujourd’hui, des robots, sur place, martèlent les blocs de pierre pour dégager le marbre et cisèlent le bloc de marbre pour y graver les formes les plus abouties, rivalisant avec les œuvres des grands maîtres que l’histoire des hommes a retenu.
Robotor
La start-up italienne Robotor a créé un robot qu’elle a simplement appelé One, proposé en différentes tailles. Le modèle One L est un bras robotisé qui mesure 3,5 mètres de hauteur pour un poids de 240 kilos, fabriqué principalement avec un alliage de zinc. Il est accompagné d’une table motorisée qui pivote et peut supporter jusqu’à 35 tonnes pour un volume de 35 m³.
Le robot italien est capable de sculpter une œuvre en quelques jours, au lieu des mois voir des années, autrefois nécessaires aux grands maîtres pour sculpter ce que leur imagination pouvait concevoir d’œuvre figurative.
Robotor, ambassadeur pour la paix
Cette innovation a également une résonance historique, car elle pourrait résoudre un conflit vieux de plusieurs siècles.
Les Sculptures du Ve siècle avant J.C du Parthénon, une collection de magnifiques divinités, d’hommes athlétiques et de chevaux à Athènes pourraient être restituées par la Grande-Bretague. Au début du 19ème siècle, l’ambassadeur britannique de l’Empire Ottoman, le comte d’Elgin, a légalement transporté les sculptures en Angleterre et les a installées au British Museum. Depuis 1983, la Grèce a demandé le retour des sculptures, affirmant que la permission a été accordée par l’occupant Ottoman et non par le gouvernement grec, argument resté inaudible par le musée britannique qui a, pour l’heure, refusé de restituer les oeuvres. Robotor pourrait les reproduire à l’identique.
L’Institut pour l’Archéologie numérique a proposé d’être à la manoeuvre. Il a effectué des balayages en trois dimensions d’un cheval de la collection avec les téléphones et les iPads de membres du personnel lors de leur visite au British Museum, ces derniers ont envoyé à Robotor les données. Le robot a, ainsi pu reproduire la sculpture de cheval jusqu’au dernier coup de bédane, en utilisant le même marbre que celui utilisé pour les sculptures classiques de la Grèce antique.
L’Institut propose que les Sculptures du Parthénon soient reproduites par robot pour un coût estimé à moins de 200 000 dollars. Le robotor, médiateur et constructeur, pourrait permettre de répliquer les sculptures installées au musée et de remettre à la Grèce son trésor perdu, source de tension diplomatique latente entre Athènes et Londres.